Bloodshot Reborn Tome 1 : Colorado

Six mois se sont écoulés après les événements de The Valiant. Avant de mourir, la géomancienne Kay a retiré les nanites du corps de Bloodshot et depuis, ce dernier essaie de se reconstruire en tant qu'homme. Mais cela n'est pas facile car il ne se souvient de rien, pas même de son vrai nom. Il décide donc de se faire appeler Ray Garrison et de migrer d'hôtels en hôtels tout en effectuant des petits boulots faute de mieux.

Ray veut oublier Bloodshot et toutes les horreurs qu'il a pu commettre lorsqu'il était ce super soldat. Mais alors qu'il est sur le point d'y parvenir difficilement, il découvre au journal télévisé que des tueurs revêtus comme lui font la une des informations en accomplissant des massacres. Pour lui, cela ne fait aucun doute. Ce sont des individus qui ont reçu des nanites eux aussi et qui ne parviennent pas à les contrôler. Il doit absolument les arrêter. C'est ainsi que malgré lui, une nouvelle mission commence.

Cette quête s'avère des plus périlleuses à plus d'un titre. Pour commencer, Ray ne dispose plus de la même force qu'avant et ne possède plus la moindre capacité de régénération. Autrement dit, une simple balle peut l'abattre, ce qui semblait impensable il y a peu. Affronter des ennemis qui présentent justement en partie ces caractéristiques ne s'annonce pas facile.

Mais ce n'est rien à côté du reste. Ray ne veut pas redevenir Bloodshot. Le problème, c'est que la seule manière de neutraliser ces assassins ambulants est d'absorber leurs nanites qui sont en fait les siennes que Kay a dispersé dans la nature. Au départ, il parvient à les contrôler à petites doses. Mais si il les récupère toutes, il risque de redevenir presque obligatoirement la fameuse machine de guerre d'autrefois.

Ce n'est pas tout. Des agents du FBI chargés de l'enquête le suspectent, dont une certaine Diane Festival à l'esprit très déducteur. Pour elle, il se pourrait bien qu'une secte de Bloodshot existe et que Ray soit un de leurs membres. Une course de vitesse s'installe entre la police et notre héros pour savoir qui arrivera à dénicher tous ces cinglés en premier. Et mieux vaut surtout pas qu'ils arrivent ensemble sur la ligne d'arrivée.

Pour mener à bien ce chemin de croix, Ray est seul. Enfin, pas vraiment... Kay l'accompagne tout comme une sorte de petit être tout droit sortit d'un dessin animé appelé Bloodsquirt. Ces deux personnages ne sont pas réels. Du moins, c'est ce que Bloodshot essaie de se persuader. Pourtant, il leur parle beaucoup pendant tout le tome. Qui sont-ils ? Des résurgences de sa conscience ? Des cadeaux laissés par les nanites pour le manipuler en cas de perte de contrôle ? Quoi qu'il en soit, ils le poussent toujours d'avantage à exterminer les tueurs soit disant pour la bonne cause.

Ce premier tome long d'environ 130 pages est très sympa. Il insiste beaucoup sur les souffrances que traverse Ray du début à la fin. Son seul but est de redevenir un humain ordinaire mais il ne sait quasiment plus ce que c'est. Il pourrait s'aider en consultant un dossier sur lui qu'il a volé au projet Rising Spirit mais il n'a pas le courage de le lire. Au fond de son inconscient, aime t-il être Blooshot ?

Le scénario de Jeff Lemire est très intéressant d'un point de vue psychologique. Ray a tué tellement de monde qu'il se demande si il est ou a déjà été un homme bien. Pourtant, rappelons qu'il n'est pas responsable de ces tueries même si ce sont ses nanites. Le voir se démener comme ça pour sauver des gens quitte à reperdre son âme prochainement répond sans doute à sa question ou du moins lui permet-elle de se racheter.

L'idée des nanites se baladant dans la nature est une bonne trouvaille. Telles que les symbiotes de Marvel, elles prennent en quelque sorte possession des individus au tempérament agressif et leur font commettre l'irréparable. Plus il en récupère et plus Ray redevient fort, au point d'être attirées par elle comme un radar. Jusqu'à quand conservera t-il sa peau beige et ses yeux bleus ?

Sur le plan des personnages, le retour de Kay fait plaisir même si ce n'est certainement pas la vraie. Bloodsquirt apporte pour sa part de l'humour et fait de nombreuses références à Batman. Du côté des flics, l'agent Festival passe beaucoup de temps à s'embrouiller avec l'agent Hoyt qui ne supporte pas qu'une fille de 23 ans le commande.

Passons à la partie graphique. Les dessins de Mico Suayan sont très beaux. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de ceux de Raul Allen qui s'occupe du 5eme chapitre et dont le style est beaucoup plus simple et épuré. Ce changement d'artiste est dommageable mais malgré tout, ce tome mérite une bonne note, surtout grace à la construction de son récit très progressive. On attend la suite avec impatience.

Note : 8/10