La Vénitienne Tome 2 : La Demoiselle du Grand Canal

Aurelio a eu beau se ruiner, il n'est pas parvenu à racheter la rançon de Constanza. Et comme ni ses amis ni le doge n'ont accepté de l'aider, la pauvre jeune fille se retrouve condamnée à mort au sein de la compagnie des voleurs. Mais si La Rouge veut sa peau à tout prix, Le Barbier désire au contraire l'épargner. Pour cela, il met au point un plan.

Sous ses ordres, deux petits bandits sans scrupule assassinent en secret une jeune blonde ressemblant beaucoup à Constanza et, après l'avoir un peu déformé, exposent son cadavre à la vue de tous. La nièce du doge ne tarde donc pas à être officiellement déclarée morte. Entre temps, Aurelio engage une bataille avec les brigands pour la délivrer à l'aide des étudiants de Venise gravement menacés par Chrisaldi. Malheureusement, il intervient trop tard et se voit finalement lâchement assassiné par Pantaleone.

On pourrait croire que l'histoire s'arrête là mais nous ne sommes alors qu'à la 22eme page de ce second tome. Il reste encore une ultime partie très importante pour clore ce diptyque. Si beaucoup de protagonistes sont désormais décédés, Constanza est bien vivante. Et elle a maintenant la ferme intention de se venger de tous ceux qui l'ont trahi.

Pour se faire, elle change complètement d'identité mais aussi de caractère. Autrefois, c'était une belle insouciante adepte des plaisirs et de la luxure. Elle n'avait rien de détestable en soi mais restait peu consciente des conditions de vie réelles du petit peuple. Mais sa captivité lui a ouvert les yeux. Les bals et les rendez vous galants ne l'intéressent plus. Dorénavant, elle souhaite redistribuer aux pauvres tout l'argent qu'elle arrachera à ses ennemis.

Associée aux anciens matelots du capitaine Rieste et également amis d'Aurelio, elle monte des stratagèmes pour s'occuper d'eux les uns après les autres. Travestie en noble venant de Corse, elle piège ses cibles à l'aide de ses connaissances sans faille sur la haute société vénitienne. Ainsi, certains se voient abandonnés en haute mer tandis que d'autres se retrouvent ruinés du jour au lendemain.

Chrisaldi lui même n'échappe pas à son courroux. Après être devenu une sorte de tyran à Venise malgré une résistance trop tardive de la part du doge, le légat papal tombe dans un traquenard qui lui fait contracter une maladie vénérienne, le mal de Naples. Non contente de le condamner à une mort lente et douloureuse, Constanza l'oblige également à renoncer aussi à tous ses droits sur Venise et sauve sa cité de l'Eglise, réussissant ainsi là où son oncle avait échoué. Un seul mot à dire, respect.

Ce second tome possède un scénario très travaillé qui ne souffre d'aucun manque de maîtrise. Patrice Ordas n'hésite pas à faire mourir un sacré paquet de personnages forts qui apparaissaient jusqu'alors très importants. On sent que n'importe qui peut y passer dans cette série, ce qui accentue évidemment beaucoup le suspense et rend l'oeuvre plus intéressante.

Les personnages sont très bien écrits. Le doge est notamment très attachant. On le sent tiraillé entre son amour pour sa nièce et son sens du devoir et de l'intérêt commun. Tout ce qu'il fait, il le fait pour Venise et non pour lui. Rongé par les remords d'avoir vendu la Sérénissime, il ne pouvait cependant guère faire autrement et a au moins le mérite de préparer dignement son successeur conformément aux lois de la république.

Beaucoup de choses sont encore à dire sur La Vénitienne. Elle pourrait facilement être adaptée en film au cinéma et gagnerait en tout cas à être connue. Malheureusement, sa mauvaise qualité graphique lui ferme sans doute bien des portes. Certes, Laurent Gnoni fait ici preuve d'une meilleure mise en scène que dans le premier volume mais cela reste insuffisant. A lire quand même pour les amateurs d'Histoire.

Note : 6,5/10