Détour mortel

Tout va plus vite aujourd'hui et nous sommes de plus en plus pressés, c'est un constat de notre époque actuelle. Nous tolérons de moins en moins les contres temps qui viennent perturber nos plannings à l'imprévu. Pourtant, il vaut parfois mieux s'armer de patience quelques heures plutôt que prendre des risques. C'est peut-être ce que vous penserez après avoir vu Détour mortel.

Pour contourner un bouchon sur l'autoroute, Chris (Desmond Harrington) décide de s'aventurer sur un sentier en pleine forêt canadienne. Malheureusement, il commet un accident avec un petit groupe d'amis venu camper. Sans voiture en état de marche ni téléphone portable (maudite batterie à plat), tout ce monde va être contraint de poursuivre l'itinéraire à pied. Sauf qu'au lieu de trouver des secours, ils vont rencontrer une fratrie de cannibales qui a décidé d'en faire son prochain repas.

Réalisé en 2003 par Rob Schmidt, Détour mortel est un film d'horreur très efficace. Le passage dans lequel le groupe trouve la cabane des criminels dans les bois est des plus réussis et ressemble à s'y méprendre à une scène de conte. Cette impression est d'autant plus accentuée par l'aspect des méchants. Plus que de simples cannibales, ce sont de vrais ogres gigantesques déformés par la consanguinité. Cruels et sans pitié, ils ne parlent même pas et se comportent comme de véritables monstres à tel point que l'on se croirait presque dans un film fantastique.

Et pourtant, ce sont des hommes bien réels qui semblent pour selon assez bien organisés. Ils ont dissimulé des pièges et fils de barbelés aux quatre coins des bois pour capturer les rares touristes qui s'y aventurent. Redoutables chasseurs et pisteurs, il semblerait que personne n'ait réussi à leur échapper étant donné le nombre de voitures de leurs précédentes victimes qu'ils ont amassé.

Pris en chasse, Chris et ses nouveaux compagnons vont devoir tout faire pour s'énfuir. Mais la mission s'annonce des plus difficiles sans véhicule ni carte. Incapables de retrouver ne serait-ce qu'une route goudronnée qui serait synonyme de retour à la civilisation, ils vont se perdre dans les bois que connaissent en revanche par cœur leurs poursuivants.

Il règne un réel sentiment d'angoisse dans ce film. On craint beaucoup pour la vie des personnages, même si on devine malheureusement très vite lesquels vont vivre et mourir. Plus que le gore en lui même, c'est le fait d'être traqué comme une simple bête qui est horrible, surtout par des méchants aussi inhumains qu'eux. Il est complètement inutile de les supplier car rien ne les intéresse, ni l'argent ni le sexe. Ce qu'ils veulent juste, c'est bouffer de la chair humaine !

Passons à la réalisation. Celle ci se veut très bonne. Malgré son faible budget (12, 6 M$), Détour mortel présente une photographie très agréable et une bande sonore bien trouvée. Les maquillages des cannibales sont également réussis. Au niveau du casting, les acteurs se révèlent très convaincants et on note la présence de Eliza Dushku qui fera plaisir aux fans de Buffy contre les vampires.

Néanmoins, cette œuvre comporte aussi malheureusement des défauts. A plusieurs reprises, le comportement des personnages semble assez incompréhensible. Pourquoi n'essayent-ils pas de profiter du sommeil des ogres pour les tuer ou leur prendre leurs armes ? Pourquoi l'un de ces derniers finit par abandonner Chis après avoir tué un policier alors qu'il l'avait pourtant à portée de main ? Et surtout, comment cela se fait-il que cette fratrie anthropophage ne se soit encore jamais fait pincer par les autorités après toutes les atrocités commises ? A t-elle des complices ? Quel est le rôle exact du gardien de la station située à l'entrée de leurs bois ?

Ces questions resteront sans réponse, du moins cette fois ci. Car Détour mortel a beaucoup plu en Amérique au point d'engendrer de nombreuses suites malheureusement méconnues en France. Ce film n'est pas le plus profond et le plus original qui soit mais il nous offre un très bon moment de divertissement. Qui a encore envie de se promener dans les bois après ça ?

Note : 7/10