Jagaaan Tome 1

De nombreux avocats et philosophes s'accordent à dire que chaque individu ou presque peut commettre n'importe quoi. Il existe de la noirceur dans la tête de tout être humain. Qui n'a jamais eu des envies meurtrières lui traverser l'esprit ? Heureusement, peu de personnes passent à l'acte. Mais si par hasard ces pensées négatives prenaient le contrôle et nous transformaient en monstres, ce serait un carnage. Bienvenu dans Jagaaan !

Jagasaki est un flic de quartier qui mène une existence des plus banales. En dépit de son uniforme, il a bien du mal à se faire obéir des petits voyous qui lui tiennent tête. De leur côté, ses collègues de travail se moquent ouvertement de lui. Certes, il peut compter sur l'amour de sa petite amie Yuriko mais sa relation avec cette dernière l'ennuie profondément.

Jagasaki n'est donc pas heureux. Souvent, il rêve de pouvoir mettre fin à ses problèmes en exécutant tous ceux qui le persécutent et partagent son quotidien. Et justement, il va peut-être en avoir l'occasion.

Un jour, une pluie de grenouilles tombe sur la ville de Buppa. Mais il ne s'agit pas de bactraciens ordinaires. Ce sont en réalité des monstres baptisés crapadingues qui rentrent dans le corps des humains pour se nourrir de leurs pulsions. Une fois cela fait, ils en prennent le contrôle. Les victimes se transforment alors en afreuses créatures et exterminent tous ceux qui se trouvent autour d'eux. On les appelle les détraqués.

Jagasaki découvre ce phénomène pour la première fois dans un métro où, après avoir bien engueulé son employé devant tout le monde, un chef d'entreprise se métamorphose soudain presque sans s'en rendre compte en bouche géante à la langue tranchante comme une épée. Les passagers tombent les uns après les autres. Jagasaki croit qu'il va y passer lui aussi. Mais il se produit quelque chose d'extraordinaire. Son index se transforme en pistolet hyper puissant et il élimine la créature aussitôt.

Une petite chouette nommée Doku profite de ce moment pour lui apprendre ce qui se passe. Une fois le meurtrier vaincu, cet oiseau s'empresse de dévorer la grenouille qui se cache à l'intérieur et produit ensuite quelques crottes. Ses excréments s'avèrent indispensables à Jagasaki pour lui éviter que son propre crapaud ne prenne l'ascendant sur lui. Car vous vous en doutez bien, il a lui aussi été contaminé. A présent surnommé Jagaaan, sa mission consistera à détruire les autres détraqués avant qu'il ne soit trop tard.

Cela fait beaucoup d'éléments à avaler pour notre jeune policier ! Lui qui souhaitait par dessus tout briser la routine de sa vie, le voilà servit ! A partir de maintenant, son existence va devenir un véritable enfer. Arrivera t-il à contrôler ses pouvoirs et à vaincre les autres détraqués ? Quelle est la cause de tout ceci ? C'est ce qu'on a hâte de découvrir.

La lecture de ce premier tome nous laisse bouche bée. Si sa trame s'inspire d'autres mangas tels que Parasite, elle possède néanmoins sa propre originalité. Pour commencer, les détraqués peuvent être n'importe qui. Et ils n'ont aucune conscience de leur état hormis Jagasaki jusqu'à ce que de fortes émotions révèlent leur nouvelle nature.

Le personnage principal est très bien choisit. Jagaaan n'a rien du profil de héros classique beau, fort et intelligent. Ici, nous avons droit à un jeune homme des plus basiques et un peu frêle qui a du mal à s'imposer auprès des autres. Bien qu'il soit très gentil, il possède aussi ses propres défauts. Par conséquent, les lecteurs n'ont aucun mal à s'identifier à lui.

De nombreuses épreuves attendent Jagasaki. Je n'ai pas envie de révéler un passage important de ce numéro mais il faut savoir que ses proches ne seront pas épargnés par les crapadingues. Cela promet des moments très difficiles à traverser en perspective.

Evoquons les monstres. Si on met de côté Jagaaan qui ressemble d'avantage à une arme humaine, on en voit trois. Outre le premier cité, on a aussi droit à un scorpion ainsi qu'à un centaure. Vous le constatez, ils sont donc très variés. A noter au passage que le design de Doku est chouette et ressemble beaucoup à un pokémon nommé hoothoot.

Les dessins sont magnifiques. Bien que l'histoire de ce manga soit très sombre, ses pages se présentent au contraire très claires, ce qui nous permet de mieux apprécier les détails et de bien contraster avec la noirceur des détraqués. Il convient de préciser que le gore est évidemment présent, tout comme l'érotisme d'ailleurs.

Ce premier tome fait saliver. Crée par Muneyuki Kaneshiro (scénariste) et Kensuke Nishida (dessinateur), Jagaaan a tout pour s'imposer comme une grande réussite à court terme. Chapeau les artistes !

Note : 8,5/10