11 Décembre 2022
Afin d'appuyer son autorité de grand frère, Charles a décidé d'affronter Marie Josèphe en duel. Devant les talents d'escrime de sa petite sœur, il se résoud à rompre ses principes et à tricher en lui tirant dessus à bout portant. Blessée à l'épaule et incapable de se battre, la jeune femme accepte finalement de se marier avec Gaspard pour éviter la mort. Elle pose toutefois une condition. Elle ne se mariera que lorsque ses cheveux auront beaucoup poussé de manière à présenter une coiffure digne d'une vraie dame. Cela laisse du temps en perspective.
Ce temps, on l'utilise pour suivre Marie Antoinette. Malgré l'absence de son amie bourreau, cette dernière continue de s'entêter dans sa guerre contre Madame du Barry. Et comme on le craignait, cela amène de plus en plus de tensions. Louis XV commence à s'en mêler et menace carrément de déshériter le dauphin en faveur d'un autre de ses petits fils. Ambiance.
La cour rivalise d'ingéniosités pour que les deux femmes en viennent à se parler sans pour autant perdre leur fierté. Mais rien n'y fait. La du Barry se montre néanmoins conciliante. Loin de vouloir éclater la famille royale, elle désire pardonner à cette petite effrontée qui n'a après tout qu'une quinzaine d'années.
C'est d'ailleurs elle qui trouve la solution. Au cours d'un bal, elle demande à Charles de se déguiser en l'une de ses dames de compagnie. Impressionnée par le charisme du bourreau dont elle ignore l'identité, Marie Antoinette lâchera finalement une phrase banale lors de son passage, mettant ainsi fin à une lutte interne qui aurait pu changer le cours de l'Histoire.
Charles a donc gagné la partie sur Marie Josèphe. Mais celle ci lui réserve une sacrée surprise. Le jour de ses noces, on retrouve Nicolas Charles Gabriel Sanson. Autrefois tueur sanguinaire, cet oncle n'a pu supporter la torture infigée à Damiens (tome 4) et s'est reconvertit en prêtre.
Mais ce qui nous intéresse le plus. Au dernier moment, Marie Josèphe annonce qu'elle n'est pas venue se marier avec Gaspard mais avec Jean Louis, le fils de Gabriel. Ce jeune homme obèse complètement répugnant ne daigne même pas se déplacer à la cérémonie, signe à quel point il s'en moque. En revanche, il accepte que sa femme conserve sa charge de bourreau tant qu'elle lui permet d'engloutir des montagnes de nourriture.
On est vraiment dans l'infâme caricature. Charles se retrouve prit à son propre piège. En effet une fois sa sœur mariée, il ne peut plus exercer la moindre autorité légale sur elle. De son côté, Gabriel y trouve son intérêt car ainsi, il s'assure d'avantage de revenus. C'est ce qu'on appelle se faire trahir par sa propre famille.
En parlant de famille, nous faisons la connaissance de Henri. Fils ainé de Charles, ce petit garçon découvre un jour les instruments de torture de son père et la douleur qu'ils peuvent procurer. Un parallèle est fait avec Jean Baptiste. Désormais, Charles adopte exactement la même attitude que celle de son paternel qu'il méprisait tant autrefois. Que ses idéaux sont loin !
Des idéaux, ce n'est pas ce qui manque à Alain Bernard. Cet excellent chevalier métis fait partie de la fine fleur de la marine française. Ses combats contre les pirates lui ont permi de découvrir de nombreuses cultures différentes de par le monde. A ses yeux, la monarchie absolue n'est pas le seul modèle possible et il rêve d'une société égalitaire.
De par son physique, sa finesse et sa façon de penser, Alain Bernard ressemble énormément à Charles. Mais il dégage plus de charisme et va encore plus loin. Toujours prêt à donner du pain aux pauvres et à les défendre des oppresseurs, il dépense toutes ses économies pour créer une école ouverte à tous les enfants sans condition de rang social ni de sexe. A l'époque, c'est tout simplement énorme !
Alain Bernard est un vrai grand homme. Mais ses projets dérangent la noblesse. Dès qu'il a le dos tourné, un certain comte de Luxe brûle son établissement avec tous ses élèves. Cet acte cruel et barbare rend furieuse Marie Josèphe très proche du généreux métis. Mais peut-on vraiment faire quelque chose contre ces aristocrates qui se croient tout permis et intouchables en cette fin de 18eme siècle ?
Si ce 9eme tome n'est pas le meilleur et présente quelques longueurs, il dégage une flopée d'émotions dans la dernière partie. Certes, le travestissement de Charles est discutable mais on savoure en revanche l'idée de Marie Josèphe et la vengeance du chevalier d'Eon, bien qu'un peu mesquine.
C'est sur un véritable drame en 1772 que se termine Innocent. En 9 numéros, Shin'ichi Sakamoto a brossé pas moins de 19 ans. Certes, il en faut encore presque autant pour parvenir à la Révolution. Mais petit à petit, les conditions se mettent en place. On espère bien la voir dans la suite de ce manga baptisé Innocent Rouge.
En attendant, il convient d'établir le bilan de cette première saison. Innocent est incontestablement une bande dessinée à part qui relève autant de l'oeuvre d'art que du manga. L'auteur a prit son temps (parfois trop) mais a su faire évoluer ses personnages de manière très intéressante. Un monde sépare le Charles du premier tome de celui du dernier. C'est un vrai passage à l'age adulte et à la maturité.
Les Sanson forment une famille à part qui n'a rien à envier aux Bourbon. On a pu se rendre compte à quel point ce nom est lourd à porter, même si il n'exclut pas toutes possibilités. Souvent opposés l'un à l'autre en touts points, Charles et Marie Josèphe vont probablement s'allier dans la saison 2 afin de rendre la justice. On en salive d'avance.
Note : 7,5/10