Divci Valka Tome 1

On pense toujours que les guerres de religion sont apparues suite aux déclarations de Martin Luther. Mais il se pourrait bien que le véritable père du protestantisme soit plutôt Jan Hus. Ce théologien a traduit la bible et s'est opposé aux indulgences du catholicisme pas moins d'un siècle avant le célèbre Allemand. Sa mort a déclenché une guerre civile appelée le conflit des hussites. Et c'est de ce sujet que va parler Divci Valka.

Nous sommes en 1415 en Bohême (qui sera plus tard une partie de la République Tchèque). La condamnation au bûcher pour hérésie de Jan Hus a déclenché la révolte de ses partisans, les hussites. En retour, les soldats catholiques du Saint Empire Romain Germanique les massacrent sans aucune pitié. Au cours de l'un de ces carnages, nous suivons l'histoire d'une fillette appelée Sarka, unique survivante de tout son village.

Orpheline livrée à elle même, Sarka est vite recueillit par le capitaine Zizka. Ce combattant hussite est à la tête d'une armée itinérante un peu singulière. En effet, ses troupes ne sont pas exclusivement composées de soldats mais aussi de paysans, femmes et même des enfants. En clair, tous ceux qui veulent se venger des catholiques sont invités à grossir ses rangs.

On pourrait croire qu'un tel corps militaire soit synonyme de désordre et de faiblesse. Mais il n'en est rien car Zizka est un bon tacticien. Précurseur en avance sur son temps, il comprend avant tout le monde l'importance que prendront bientôt les armes à feu dans les guerres. Aussi, il dote tous ses éléments y compris Sarka d'une pistala, l'ancêtre du pistolet. De cette manière, même une petite fille peut tuer un grand chevalier.

Après avoir combattu l'ordre de Saint Jean de Jérusalem commandé par l'odieux Henrich von Strakonice, Zizka se rend au mont Tabor où un prêtre nommé Mikulas a constitué une communauté de hussites. Ces individus vivent sur des principes égalitaires et harmonieux mais rechignent à prendre les armes et tuer leurs prochains. Pourtant, ils attisent la colère de l'empereur Sigismond et du pape Martin V prêt à lever une croisade pour les anéantir.

Vu son thème, Divci Valka n'est pas à mettre en toutes les mains. Outre les combats, il nous montre aussi et surtout les horreurs de la guerre. Les tortures et viols sont monnaie courante. Malgré son jeune age, Sarka est elle même abusée par Henrich et c'est un miracle qu'elle n'ait pas perdu tout son sang comme ses sœurs suite à cet acte.

La violence est omniprésente. A l'aide de son petit canon, Sarka envoie voler des lambeaux de chair de ses adversaires dont les détails ne nous sont pas épargnés. Mais la palme revient à la mort de Karel. On ne s'attend pas du tout à ce que ce jeune garçon trépasse, et surtout pas si vite. L'auteur Kouichi Ohnishi envoie par là un signal fort et montre que tous les personnages peuvent s'avérer menacés à chaque instant.

Ce n'est pas tout. Contrairement à ce que l'on peut croire au début, la ligne de démarquation entre les gentils et les méchants n'est peut-être pas si claire. En effet, toutes les armées commettent des viols en abondance, peu importe leurs bannières. De plus, Zizka semble assez ambigu. Très sévère avec ses ennemis, c'est moins un protecteur des faibles qu'un fanatique religieux. D'ailleurs, son design laisse plutôt penser au départ qu'il est mauvais.

Le dessin se révèle malheureusement assez moyen. Il n'est pas moche du tout mais manque de détails. Beaucoup de cases n'ont que du blanc en guise de décor, ce qui est dommage car on sent que l'auteur pourrait faire mieux. De plus, le trait de Kouichi Ohnishi manque de vitesse. En terme de rythme graphique, on est presque plus proche d'une BD franco belge que d'un manga.

Divci Valka nous offre une vraie leçon d'histoire. C'est d'autant plus intéressant que même les amateurs du passé ne connaissent pas forcément le conflit hussite. Pour une fois, les guerres de religion ne sont pas centrées sur la France mais plutôt en Europe orientale. On attend la suite avec impatience.

Note : 7/10