Les Pionniers du Nouveau Monde Tome 2 : Le grand dérangement

Le colonel Dieudonné a décidé d'attaquer le fort Niagara afin de délivrer sa fille Louise. Pour se faire, il descend les rapides en canoé avec des soldats certes mais aussi et surtout un coffre remplit de bouteilles d'alcool qu'il abandonne secrètement aux Iroquois. Chez ces Indiens, l'eau de feu agit comme une véritable drogue. Une fois complètement saouls, ils se ruent au fort qu'ils sont sensés protéger afin d'en avoir encore plus.

Dès lors, c'est la pagaille. Surpris par leur propre alliés, les Anglais se font déborder. Si Crimbel parvient à s'enfuir lâchement, ses compatriotes s'avèrent vite vaincus. Joli coup pour les Français qui se font ainsi les seuls maîtres de la cascade, même si ils perdent leur colonel pendant l'assaut.

Louise n'a ainsi plus son père mais aussi plus Benjamin. Condamné au pilori, le jeune homme a disparu pendant la bataille. C'est une catastrophe pour la jolie blonde car elle est justement enceinte de lui. A présent, peu de choix s'offrent à elle. Elle décide de se rendre avec Billy chez sa tante Julia en Acadie à Baie Verte, un territoire frontalier entre Anglais et Français.

Sauf que Benjamin n'est pas mort. Sauvé par Mary, il accepte de la suivre à New York chez sa mère. La route est longue et ardue. Mais au bout du chemin les attend une vie oisive remplie de fêtes et de paillettes. Follement amoureuse de son Frenchy, la sulfureuse rousse est prête à tout lui offrir et n'a absolument pas peur du scandale. Mais attention à ne pas la décevoir car sa vengeance peut s'avérer terrible.

Nous suivons donc deux histoires en parallèle. Bien que Benjamin apprécie Mary (qu'il met d'ailleurs également enceinte), il se rend compte que son cœur appartient à Louise. La vie mondaine ne lui sied guère, lui pourtant le Versaillais. A plusieurs reprises, il s'inquiète de ses amis séparés par de très nombreuses kilomètres.

Ces derniers mènent une existence plus rude. En effet, les villageois de Baie Verte ne savent plus quelle attitude adopter. Doivent-ils prendre les armes contre les Anglais qui menaçent de les envahir bientôt ou au contraire se ralier à eux ? Leur questionnement est légitime car après tout, le roi de France ne s'occupe plus d'eux depuis longtemps. Mais attention, se ranger aux habits rouges, c'est accepter leur religion anglicane. Aux yeux du père Lamarque, un fervent jésuite catholique, c'est impensable.

Jean François Charles dresse ici un beau tableau du Canada en ce milieu de 18eme siècle. On se rend compte à quel point la vie est difficile à cette époque, surtout en hiver. L'entraide est primordiale, notamment pour éviter de mourir de froid. Heureusement, la plupart des personnages sont de braves bougres à l'esprit hospitalier. Seul Crimbel fait figure de méchant pour l'instant. Mais ce qui lui arrive est une terrible punition, même pour lui.

Ce second tome possède un dessin plus joli que le premier et surtout une colorisation plus claire et nette. Cela rend la lecture plus agréable. En revanche, elle est toujours aussi longue. L'auteur prend tout son temps pour faire passer ses protagonistes d'un point à un autre. On sent la patte d'un amoureux de l'Amérique du Nord. A défaut d'être pour l'instant un chef d'oeuvre, Les Pionniers du Nouveau Monde est une série historique de belle facture. La suite promet d'ailleurs beaucoup.

Note : 7/10