Isabella Bird Tome 2

Isabella a divisé son voyage en trois parties. Actuellement, elle compte se rendre à Niigata. Mais pour se faire, elle refuse catégoriquement d'emprunter les sentiers battus. Son but consiste plutôt à passer par les chemins où jamais un Européen n'est encore passé et que même les Japonais connaissent à peine. Ito a beau lui répéter que cela peut s'avérer dangereux, elle n'en démord pas. Après tout, c'est ça une exploratrice !

Elle décide donc de suivre la route d'Aizu. Situé dans les montagnes, ce chemin se révèle vite assez reculé. Les villages qui le bordent sont beaucoup moins sophistiqués que Nikko par exemple. Leurs habitants vivent dans la misère et la saleté. Même pour Ito, c'est un vrai choc des cultures.

C'est d'ailleurs ce qui est frappant dans ce tome. Bien qu'érudit, on découvre que notre fameux guide ne sait pas tout sur son pays. Et surtout, il juge certaines coutumes comme archaïques. C'est le cas des bains mixes publics dans les sources thermales de Futarasan par exemple.

A force d'apprendre et de perfectionner son anglais, Ito finit presque par adopter un regard occidental parfois. C'est un comble car Isabella se montre parfois plus tolérante que lui. Bien que ce soit une lady, elle réussit à s'émanciper de sa condition sociale pour tout essayer, laissant les conventions de l'Angleterre de côté. Après tout, c'est aussi cette soif de liberté et d'évasion qui la pousse à voyager.

Il n'en demeure pas moins qu'elle est choquée par la misère qu'elle rencontre. On en serait pas moins à sa place. Certaines personnes vivent à moitié nues et souffrent constamment de maladies et d'infections par manque d'hygiène. Toutefois, ils ne vivent pas complètement en autarcie puisqu'ils prennent le temps de vérifier voire de recopier le passeport d'Isabella.

Plus que les petites histoires que cette dernière tisse sur son passage, ce sont surtout les informations qu'elle gagne qui sont à retenir dans ce numéro. Celles ci sont nombreuses. Logiquement plus superstitieux que dans les villes, les villages hissent dans les forêts de gigantesques poupées de paille appelées doroku-jins sensées les protéger du mauvais sort. C'est également le rôle des amulettes, collier que chaque Japonais porte, y compris Ito.

Mais ce n'est pas tout. Dans un autre registre, on apprend que le fer à cheval n'existe pas là bas. Pour voyager, les Nippons attachent sous les sabots de leurs montures des sandales de paille. Ce n'est clairement pas pratique car elles sont si fragiles qu'il faut les changer toutes les deux heures. On découvre aussi du papier huilé parfaitement étanche et l'équivalent de nos allumettes appelé tsukegi.

Plus qu'une histoire d'aventure, Isabella Bird est avant tout et principalement une mine d'informations sur le Japon ancien. C'est à réserver à ceux qui veulent se cultiver dans ce domaine car certains lecteurs risqueraient de s'ennuyer. Cependant, les dessins sont magnifiques. Isabella et Ito se rapprochent, ce qui est normal puisqu'ils sont les seuls compagnons l'un de l'autre. Néanmoins, rien n'indique qu'ils vont vivre ou non une relation amoureuse. Affaire à suivre.

Note : 7/10