Menaces sur le roi

Louis Fronsac est probablement le héros que Jean d'Aillon aime le plus utiliser. Nous le retrouvons aujourd'hui en 1670. Depuis l'affaire de Le Dernier Secret de Richelieu qui s'est déroulée il y a un mois seulement, Louis XIV répugne à faire appel à ses services. Il va pourtant devoir se faire violence car il se retrouve dans un bel embarras.

Un gendarme nommé M. de Cussac vient de se faire assassiner dans son lit. Tout porte à croire que le meurtrier n'est autre que son fils Louis Henri depuis porté disparu. A priori, ce n'est qu'un fait divers. Mais le roi y accorde pourtant une grande importance. Parallèlement à ceci, le duc de Lorraine Charles IV menace justement son souverain qui hésite à réagir. Curieux de la part d'un monarque qui se veut absolu.

Louis Fronsac se voit chargé de l'enquête par Alexandre Bontemps, valet et homme de confiance de Sa Majesté. Accompagné de ses braves amis Bauer, Verrazano, Cougourde et Aragna qui lui servent de garde du corps, il commence son enquête à Paris dans la maison de la victime. Il ne va pas tarder à découvrir un succulent secret.

En vérité, Louis Henri est un fils illégitime du Roi Soleil que ce dernier a eut avec sa mère alors qu'il n'avais que 16 ans. Afin d'éviter que l'affaire s'ébruite, cette femme morte depuis a été marié en vitesse avec De Cussac qui a accepté de l'épouser enceinte, de garder le secret et d'élever le bébé comme si il était le sien. En contrepartie, il s'est vu offrir par le pouvoir une belle maison et un train de vie que ne lui aurait pas permise sa solde de gendarme.

Malheureusement, un individu a découvert cette parenté. Il s'agit d'Antoine du Chatelêt. Agent du duc de Lorraine tout comme sa sœur Nicole, il s'est rapproché de Louis Henri et l'a complètement manipulé. Tombé amoureux fou de la jeune femme, celui ci a demandé à son père le droit de l'épouser, en vain.

Une violente dispute a éclaté après laquelle le fils a claqué la porte furieux. Désireux de partir en Lorraine avec sa bien aimée, il a ensuite confié les clés de sa maison à Du Chatelêt pour qu'il aille lui récupérer quelques affaires. Mais ce sinistre agent en a profité pour assassiner De Cussac pendant la nuit et dénoncé Louis Henri par une lettre anonyme.

Voilà tout l'enjeu de l'histoire. Louis XIV ne peut envoyer son armée en Lorraine dans l'imédiat car faire ça, c'est prendre le risque qu'on l'accuse publiquement d'être le père d'un assassin. Voilà comment Charles IV tient son roi dans une nasse. Ceci dit, même lui ne sait pas où se trouve Louis Henri. Si Louis Fronsac parvient à mettre la main dessus avant ses espions, il pourait bien l'innocenter et faire échouer son plan.

Grace à ses réseaux efficaces, notre valeureux notaine remporte évidemment cette course. Louis Henri est caché par Olympe Mancini, ancienne amie du roi dans sa jeunesse, dans une maison près de la Cour des Miracles (ou du moins ce qu'il en reste). Le plus dur est accomplit. Reste maintenant à sortir de ce quartier en un seul morceau alors que des gueux recrutés par Du Chatelêt se montrent de plus en plus menaçants dans les parages.

Long de moins de 200 pages, Menaces sur le roi est un récit linéaire qui se lit très vite. Il ne propose pas une intrigue particulièrement compliquée mais suffisament convaincante pour être appréciée sans problème. On retrouve plusieurs personnages historiques comme Louvois et Gabriel de La Reynie, piètre lieutenant général de police. On croise même la route de Catherine Bellier dit Cateau la Borgnesse, la femme qui a dépucelé Louis XIV.

Vous l'avez compris, ce roman traite de la jeunesse du souverain qui le rattrape en partie aujourd'hui alors qu'il a maintenant 32 ans. Nous avons droit également à de nombreuses références sur d'autres livres de la série Louis Fronsac tels que La Conjuration des Importants ou Le Secret de l'enclos du Temple. On a même une allusion à Edward Holmes, un autre héros de l'auteur. Tout cela donne envie de lire ces ouvrages si ce n'est pas déjà fait.

Menaces sur le roi n'est pas le récit du siècle. Mais il peut être une bonne porte d'entrée pour découvrir Louis Fronsac. Le ton y est égal du début à la fin. Du pur Jean d'Aillon.

Note : 7/10