11 Décembre 2022
Dans les années 1960, Marvel n'est jamais à court de projets. Sous l'impulsion de Stan Lee, l'entreprise lance sans cesse de nouveaux magazines racontant les exploits de superhéros. Ainsi, après avoir découvert les Quatre Fantastiques, Hulk et Thor, nous faisons la connaissance d'un certain Daredevil. Ce dernier possède la particularité d'être aveugle. Comment peut-il donc combattre le crime dans ce cas ? C'est ce que nous allons découvrir maintenant.
Fils du boxeur professionnel Kid Murdock, le jeune Matthew est élevé par son paternel qui souhaite à tout prix le voir accomplir des études. Ainsi, au lieu de jouer avec ses camarades, il passe son enfance à apprendre ses leçons par cœur. Son assiduité lui permet d'entrer à l'université malgré ses origines modestes et de décrocher un diplôme d'avocat.
Ok mais ce n'est pas vraiment ce qui nous intéresse le plus. Un beau jour pendant son adolescence, Matt sauve un aveugle qui allait se faire écraser sur la route par un camion. Malheureusement, il est aspergé par des produits radioactifs et devient aveugle. Ceci dit, ses quatre autres sens se développent de manière phénoménale. Devenu capable d'entendre un cœur battre dans une poitrine, de suivre quelqu'un rien qu'à l'odeur de son parfum et de deviner le poids d'un objet rien qu'en le touchant, il perçoit désormais mieux qu'auparavant le monde qui l'entoure.
Tout cela est très bien mais pour devenir un superhéros, il faut un élément déclencheur. Celui ci va se produire par l'intermédiaire de son père. A cause du poids des années, Kid Murdock éprouve de plus en plus de mal à trouver du travail. Finalement, il accepte d'oeuvrer pour un chef de gang appelé le Fixer. Au bout de quelque temps, ce dernier lui demande de perdre un match de boxe pour endosser un paquet d'argent lors des paris. Mais Kid refuse, ne voulant pas s'incliner devant son fils venu l'encourager. Il est assassiné d'une balle de revolver peu après.
Une fois devenu adulte, Matt décide de venger son paternel. Pour cela, il se tricote un costume de justicier afin de passer incognito et se baptise Daredevil. A présent, il ne lui reste plus qu'à aller rendre visite au Fixer et à lui faire avouer la vérité.
Beaucoup de choses sont à dire dans ce premier épisode. Commençons par les capacités de Daredevil. Imaginer un héros aveugle, il fallait oser ! Personne n'aurait sans doute jamais eu cette audace à part Stan Lee. L'originalité du concept nous intrigue obligatoirement. Toutefois, si dans un sens il se tient, cela vire parfois à l'exagération ridicule. Que Matt devine si quelqu'un ment ou dit la vérité en fonction de son pouls est qu'une chose. Qu'il puisse lire un journal rien qu'à l'épaisseur de l'encre ou deviner la couleur d'un tissu rien qu'au toucher en est une autre.
Daredevil est clairement inspiré de Spiderman qui commence à marcher très fort à partir de 1964. D'ailleurs, la couverture de ce premier numéro l'avoue sans problème. Mais on sent aussi l'influence de Batman. A l'instar du Chevalier Noir, celui que l'on surnommera bientôt l'Homme Sans Peur n'a pas de réels superpouvoirs. Son excellente condition physique, il la doit simplement à des années d'entrainements intensifs. De plus, Matt baigne dans un milieu mafieux et perd son père à cause d'un criminel comme Bruce Wayne. Cela fait quand même quelques coïncidences.
Le récit de ce premier chapitre est bon en lui même. Il s'étale sur de nombreuses années à l'aide de flash backs et pose les bases de la série. Ainsi, outre la famille Murdock, on fait la connaissance de Franklin Nelson, le meilleur ami de Matt, qui monte avec lui un cabinet d'avocats ainsi que leur charmante secrétaire Karen Page. Ces deux personnages sont cependant nettement moins attachants pour l'instant que Kid. On sent vraiment ici un père qui se défonce pour que son enfant ne finisse pas comme lui mais devienne quelqu'un. C'est bien retranscrit.
La partie graphique est signée Bill Everett. Déjà créateur de Namor en 1939, cet artiste dessine bien. Son style se révèle beaucoup plus fin que celui de Jack Kirby. Malheureusement, il maîtrise moins les expressions des visages que ce dernier et est surtout beaucoup moins rapide en terme de production. C'est sans doute la raison pour laquelle on ne le verra plus lors du prochain numéro. Quoi qu'il en soit, bien que ce premier chapitre ne soit pas exempt de défaut et manque un peu de fluidité, il s'avère pleinement satisfaisant. Maintenant que Matt a vengé son père, on se demande quelles vont être ses prochaines aventures.
Note : 6,5/10