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La caverne de Loupzaru

Un blog qui parle de BD, mangas, comics mais aussi romans, films et séries.

Le capitaine Alatriste Tome 1

Le capitaine Alatriste Tome 1

Les héros de cape et d'épée en font rêver plus d'un. En plus d'être de très bons bretteurs, ils sont aussi charmeurs, volontiers ripailleurs et souvent au cœur de complots politiques de la plus haute importance. La France connaît plusieurs écrivains solides dans ce domaine, dont l'incontesté Alexandre Dumas. Mais elle n'est pas le seul pays capable de créer des guerriers comme Dartagnan. L'Espagnol Arturo Pérez-Reverte s'est également frotté au genre en donnant vie à son propre épéiste, le capitaine Alatriste.

L'histoire se déroule en 1623. Malgré de belles prouesses accomplies pendant la guerre d'indépendance de la Hollande, le capitaine Alatriste n'est qu'un ancien soldat pauvre vivant dans une auberge avec son serviteur et page, le jeune gamin Inigo Balboa. Pour gagner sa vie, il loue fréquemment ses services en tant que mercenaire à des particuliers dans les rues de la capitale. Rien de très glorieux pour un homme de sa trempe et de son talent.

Mais un beau jour, la chance paraît lui sourire en lui offrant l'occasion de rencontrer en secret plusieurs personnages importants de la cour du roi Philippe IV, notamment le président de la Sainte Inquisition Emilio Bocanegra en personne. En échange d'une belle bourse d'or, cet homme implacable lui ordonne avec l'aide d'un autre mercenaire nommé Gualterio Malatesta d'assassiner deux voyageurs anglais inconnus sur le point d'arriver à Madrid. Bien entendu, cette affaire froide doit se régler sans poser la moindre question.

Mais des questions, Diego Alatriste s'en pose. Et contre toute attente, il décide d'épargner au dernier moment ses deux victimes. Bien lui en prend. En effet, ces deux étrangers ne sont autre que le marquis de Buckingham Georges Villiers et le prince de Galles héritier d'Angleterre, le futur Charles Ier !

Accompagné de son ami, ce dernier a décidé de se rendre en Espagne incognito afin d'épouser la sœur du roi Philippe IV appelée Dona Maria. Mais on se doute bien évidemment que ce mariage n'est pas au goût de tous. L'Espagne est catholique, l'Angleterre protestante. Et si Alatriste avait correctement exécuté son travail, c'est une guerre et non une alliance qui se serait déclenchée entre les deux nations.

Quoi qu'il en soit, par sa clémence, le capitaine se condamne à devenir l'un des pires ennemis de la Sainte Inquisition. Après avoir été arrêté de manière officieuse et interrogé dans une ancienne maison abandonnée, il réchappe miraculeusement à la mort grâce à Inigo qui, en dépit de ses 13 ans, s'impose comme le plus fidèle des écuyers de Madrid.

Rescapé de ce premier guet apens, Alatriste n'est cependant pas encore hors de danger. Quelques jours plus tard, il se fait attaquer au beau milieu d'une représentation de théâtre parmi le public. Fort heureusement, ce spectacle tant prisé à l'époque bénéficie de la présence du roi et de ses invités de marque anglais. Reconnaissant leur sauveur, ces derniers se jettent à l'assaut dans la bataille et font cesser les hostilités.

Le prince de Galles va même plus loin. Sa reconnaissance envers le capitaine est telle qu'il intervient auprès des plus hauts fonctionnaires espagnols afin de le gracier. Alatriste parvient à s'attirer l'estime du duc d'Olivares, premier ministre et véritable maître de l'empire espagnol qui ne semble rien avoir à envier à notre Richelieu hormis son chapeau de cardinal. Quoi qu'il en soit, notre soldat sort miraculeusement indemne et officiellement intouchable de cet épisode. Néanmoins, on se doute que ses ennemis n'ont pas dit leur dernier mot. Le sinistre spadassin italien Malatesta a juré de le tuer au cours d'un duel. Pas de doute, le capitaine Alatriste va devoir encore croiser le fer bientôt.

Voilà tout ce qui se passe dans ce livre. Ce n'est pas beaucoup en réalité. Le scénario trop mince convient mieux à celui d'une nouvelle que pour un roman. Néanmoins, la fin ouverte laisse présager que ce n'est que le premier tome d'une nouvelle série. Une série qui, de par son format et son thème, pourrait très facilement être interprétée à la télévision.

En attendant, il y a beaucoup de choses à dire sur l'écriture du récit. Tout d'abord, il faut savoir que le narrateur est interne. En effet, ce n'est ni plus ni moins qu'Inigo qui nous raconte sa jeunesse passée à Madrid. Ce choix de narration est assez surprenant. On a l'impression de lire les mémoires d'un grand homme et le ton se veut parfois confidentiel avec les lecteurs, de manière à nous amener au plus profond de cette histoire.

Pour le coup, c'est réussit. Plus qu'un roman, Le capitaine Alatriste est un documentaire fiction sur l'Espagne au 17eme siècle. A n'en pas douter, Arturo Pérez-Reverte aime son pays et cherche par tous les moyens à le glorifier. On ne compte plus les descriptions pittoresques des lieux, des habitants et des ambiances. Le lecteur se retrouve littéralement transporté à cette époque regardée sans cesse d'un œil nostalgique tant par l'auteur que par Inigo. C'est même exagéré car en définitive, on se perd entre deux anecdotes sur l'histoire espagnole et on oublie des informations majeures dans la trame principale.

C'est le problème de Pérez-Reverte. A vouloir parler sans cesse de son pays, il en fait beaucoup trop. A force, cela risque d'en saouler plus d'un qui ne sont pas des fanatiques de l'Histoire. Grand amateur de la littérature, l'auteur multiplie également les citations de poètes espagnols. Au moins, cela attirera la curiosité de certains qui feront peut-être des recherches complémentaires sur le peintre Diego Velazquez ou l'écrivain Lope de Vega.

Les personnages aussi sont très colorés. Alatriste compte de nombreux amis pour l'aider tels que le comte de Guadalmedina et le poète provocateur Don Francisco de Quevedo. A l'image de leur nation, ces hommes ont des qualités et défauts tranchés, toujours prêts à se battre et à s'enthousiasmer à la moindre occasion. Contrairement à eux, le capitaine est plus calme et moins esclave de ses passions. Il faut dire qu'il nous est dépeint par les yeux admiratifs de son jeune page. Pour lui, le courage d'un homme passe avant tout. Mais c'est cependant un tueur froid et on ressent qu'un lourd passé se cache pendant sa vie de soldat.

Clairement, la description de l'Espagne de Philippe IV passe avant l'histoire, ce qui est un défaut grave. Le scénario n'est pas beaucoup travaillé et même fort simple. On est très déçu là dessus. Néanmoins, la plume d'Arturo-Pérez n'est point désagréable ni lourde bien qu'elle ne soit jamais neutre. Et puis, il faut reconnaître que les dialogues sont plutôt piquants. Cet auteur a donc droit à une deuxième chance. Espérons que le tome 2 sera pourvu d'une histoire plus solide qui saura s'émanciper de son cadre envahissant.

Note : 6/10

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