Un village français Saison 2

L'Occupation va bientôt célébrer son premier anniversaire. Les habitants de Villeneuve commencent à s'habituer à la situation. Les conflits ouverts avec les Allemands se font rares tout comme les tracts politiques très présents durant la première saison. Cela ne signifie pourtant pas que les relations s'adoucissent forcément comme le prouve l'arrivée d'Heinrich Müller (Richard Sammel).

Contrairement à Helmut von Ritter, Heinrich est un véritable nazi. Cela saute aux yeux dès qu'on l'aperçoit. Il inspire la crainte partout sur son passage. Puissant et cruel, il n'hésite pas à abuser de son autorité et de ses pouvoirs pour accabler la population française, notamment obtenir les faveurs de jeunes femmes sous la contrainte. En revanche, il souffre d'une terrible dépendance à la morphine qui risque de lui être fatale tôt ou tard.

Voir apparaître un tel personnage étonne un peu car jusque ici, Un village français ne se voulait pas du tout manichéen. Le réalisateur a sans doute fait ce choix pour montrer que les Aryens sont des êtres à part dénués d'émotions et de scrupules. En revanche, tous les Boches ne sont pas nazis.

Et surtout pas Kurt (Samuel Theis). Apparut lors de la saison 1, cet officier allemand des plus charmants sait se faire apprécier de tous comme un parfait gentleman. Et ce n'est pas l'institutrice Lucienne Borderie (Marie Kremer) qui dira le contraire. Cependant, la jeune femme se retrouve malgré elle au cœur d'un triangle amoureux comprenant également son directeur d'école Jules Bériot (François Loriquet). Sympathique, ce dernier apporte de l'humour et a l'avantage d'être français. Mais cela lui suffira t-il pour conquérir la main de la belle ?

Les histoires sentimentales sont cependant souvent source de chaos dans cette série. Marie continue d'entretenir une relation avec Raymond, et ce malgré le retour de son époux Lorrain Germain (Dan Herzberg). Quand à Hortense (Audrey Fleurot), la femme de Daniel, elle trompe son époux avec Jean, ce qui risque bien entendu de causer de sacrés problèmes.

Mais il y a plus important. Même si ils sont encore très peu nombreux, il existe déjà des résistants. Organisés en réseaux, ils tentent de glaner tant bien que mal des informations sur les Allemands et de les faire remonter jusqu'à Londres où s'est réfugié un certain De Gaulle. Précisons qu'à cette époque, peu de monde connaît ce général et la plupart des gens ont tous confiance en le maréchal Pétain.

Henri devient un résistant un peu par hasard et embarque presque de force Marie dans cette aventure qui vit justement de l'autre côté de la ligne. Ces deux personnes vont alors jouer à un jeu très dangereux pour la bonne cause : fournir des renseignements aux alliés et si possible sauver la vie de juifs en les mettant en lieu sur. Heureusement, ils sont aidés par Natacha (Armelle Deutsch), une prostituée qui se sert de ses charmes pour écouter les confidences des Boches.

Enfin, évoquons le cas de Raymond. Alors que tout semble aller pour le mieux pour lui et qu'il se lie même d'amitié avec Helmut von Ritter, tout change lorsque des inconnus prétendent que c'est un juif. Evidemment, il proclamme un démenti mais le mal est fait et cette accusation risque de lui causer de terribles torts à court terme.

Un village français dresse un très beau portrait de cette époque si particulière et de l'âme humaine. On commence à ressentir les conséquences des privations engendrées par les tickets de rationnement sur les gens du peuple. Le système D prime, notamment le marché noir devenu monnaie courante.

Certaines scènes sont édifiantes, en particulier celle où Raymond subit un examen médical humiliant pour déterminer si il est juif ou non. Dans certains cas, les hommes sont traités comme des animaux, et on sait par avance que cela ne va faire qu'empirer dans les années à venir. Certains personnages risquent fort de finir dans un camp de concentration d'ici quelques saisons.

Cette seconde saison s'inscrit à merveille dans la continuité de la première. Néanmoins, elle comporte moins d'action et moins de politique. Pour cette raison, je lui accorde une note un tantinet inférieure. Néanmoins, elle confirme que Un village français vaut le coup. Cette série devrait figurer dans les programmes scolaires.

Note : 7/10