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14 Décembre 2020
Bien que cela paraisse étrange, certains écrivains n'ont pas connu le succès de leur vivant mais sont pourtant entrés dans le panthéon de la littérature bien après leur mort. Parmi eux, on peut citer Howard Phillips Lovecraft. Devenu aujourd'hui un maître de l'horreur, cet auteur a écrit de nombreuses nouvelles au cours de sa (courte) vie. Intéressons nous ici à celle intitulée Dans l'abime du temps.
Nous suivons l'histoire de Nathaniel Wingate Peaslee. De 1908 à 1913, ce professeur d'économie a connu une amnésie aussi soudaine que mystérieuse. Pendant 5 ans, un esprit a prit intégralement possession de son corps et l'a laissé en léthargie avant de lui rendre son enveloppe corporelle du jour au lendemain sans qu'il se rende compte de quoi que ce soit.
Evidemment, on ne se remet pas comme ça d'un tel traumatisme. Nathaniel se réveille divorcé et séparé de tous ses enfants sauf un. Cette perspective est déjà horrible mais vous n'avez encore rien vu. Notre homme va être sujet à d'affreux et perpétuels cauchemars le conduisant vers des mondes lointains et inconnus où il se trouvait pendant sa torpeur.
Pendant des années, Nathaniel s'efforce de trouver des réponses au mal qui l'habite. Outre les sciences normales comme la psychologie, il s'oriente aussi dans le domaine occulte avec des livres tels que le fameux Nécronomicon.
C'est ainsi qu'il fait la connaissance de la Grand Race. Cette espèce des plus bizarres a existé des centaines de millions d'années avant l'apparition de l'homme. Doté de pouvoirs psychiques incommensurables, elle avait le pouvoir de voyager à travers le temps par la pensée pour prendre le contrôle d'autres individus apparus bien plus tard afin d'étudier différentes époques et compiler le tout dans une bibliothèque immense.
Voilà donc ce qui est arrivé à Nathaniel. Il a simplement été victime d'un visiteur curieux avide de savoir. Mais ce n'est pas tout. Les années passent, estompant peu à peu ses barrières mentales. Des souvenirs remontent à la surface, lui apprenant que pendant son amnésie, il a lui aussi cotoyé ces monstres et écrit un de leurs livres afin d'offrir un descriptif de la vie au 19eme siècle.
Evidemment, il n'a aucune preuve de ce qu'il avance. Mais en 1935, soit près de 30 ans après les faits, des ruines ressemblant exactement à celles qu'il a vu dans ses rêves sont découvertes sous le désert australien. C'est partit pour une expédition archéologique. Mais que va t-il découvrir là bas ? Et faut-il vraiment souhaiter qu'il y découvre quelque chose ?
Avec ses 100 et quelques pages, cette nouvelle est l'une des plus longues qu'a écrit Lovecraft. On est frappé par le style incomparable de cet auteur. Ce récit nous est relaté à la première personne. Le narrateur est Nathaniel. Et vu la façon dont c'est écrit, on a vraiment l'impression de lire une immense lettre que ce professeur nous adresse.
Cela engendre une terrible sensation. Tout est fait pour que cette histoire semble réelle à 100%. La performance est fabuleuse. Bien qu'il n'y ait pas beaucoup d'actions et aucun dialogue, Lovecraft nous tient en haleine par une prose magnifique. Avec sa façon de s'emparer de l'époque antérieure aux hommes et de la ramener susceptiblement à la notre, il laisse le choix à ses lecteurs. Faut-il croire ou non à ces prouesses cosmiques ?
Celui qui aura lu ce bouquin en entier criera que non car outre la Grand Race, il existerait aussi une autre mystérieuse espèce encore plus ancienne. Enfermée dans des trappes scellées en dessous des sous sols depuis des millions d'années, elle serait très agressive et risquerait de détruire l'humanité si jamais elle se libérait un jour. Attention à ne pas ouvrir une nouvelle boite de Pandore Nathaniel...
La maîtrise de ce récit impressionne. Toutefois, il comporte des défauts qui risquent de faire grincer les dents de certains. En dépit des superlatifs de son auteur, il ne s'y passe pas grand chose en réalité et jusqu'à la fin, on ne voit rien de tangible. Le dénouement est assez prévisible. Quand à la société de la Grand Race, elle ne convainct qu'à moitié, même si elle permettrait peut être d'expliquer d'autres cas dans l'histoire.
Dans l'abime du temps porte très bien son nom. Rien n'est laissé au hasard, même le titre est superbement choisit à plus d'un titre. Qualifiée de chef d'oeuvre pour certains, cette histoire n'atteint pas ce niveau jusque là pour moi mais elle permet de découvrir le potentiel démentiel de son créateur si injustement sous estimé à son époque.
Note : 7/10