Le hurlement des loups

Nous sommes en 1903 en Alaska. Le pays n'est pas encore entièrement développé. La petite ville de Amoguet possède l'esquisse d'une banque mais pas de police. Pour Tornado Kid (Arthur Brauss) et sa bande de malfrats, c'est une aubaine. Non contents de voler tout l'argent du coin, ces bandits de grands chemins décident en outre de s'installer dans cette bourgade et d'y faire régner la terreur.

Un seul homme peut les arrêter, Bill Robin (Ron Ely). Fuyant la civilisation qu'il juge corrompue, ce trappeur préfère vivre seul dans les montagnes enneigées avec ses chiens qu'il aime par dessus tout. Il ne se rend en ville que deux ou trois fois par an pour vendre ses peaux de bêtes. Cela ne l'empêche pas d'avoir l'estime de beaucoup de personnes, notamment de l'alcoolique Stumpy (Hans Terofal) et du petit orphelin Jimmy (Jean Claude Hoffmann).

Au départ, Bill ne tient pas vraiment à jouer les justiciers. Mais lorsqu'il apprend que Jimmy risque d'être pendu pour vol de chevaux, il décide de redescendre des montagnes plus tôt que prévu pour donner une bonne correction à ces criminels. Mais ces derniers lui tendent une embuscade cachés derrière les murs des maisons, ce qui promet un farouche affrontement.

Le look de Tornado Kid ressemble à celui de Zorro, le masque et la cape en moins. Entièrement vêtu de noir et doté d'un fouet qu'il manipule avec précision, il incarne le méchant par excellence. Bill est son contraire. Habillé en jaune, il représente la lumière et l'espoir. Toutefois, un autre personnage important se veut beaucoup moins manichéen. Il s'agit de Jack Harper (Raimund Harmstorf).

Chasseur de primes, tireur d'élite et surtout particulièrement audacieux, Jack Harper se met d'abord au service de Tornado Kid et part à la recherche de Bill Robin dans les montagnes. Mais cet homme venu des terres chaudes du Texas connaît mal l'Alaska. Surprit par une avalanche, il va être sauvé de la mort par celui qu'il pourchassait.

Suite à cette ironie du sort, on imagine que Jack va se racheter une conduite et devenir l'allié de Bill pour combattre les bandits. Mais ce n'est qu'à moitié vrai. Après avoir lutté ensemble contre une horde de loups dans la montagne, les deux compagnons se séparent. Et Jack, en vrai professionnel qu'il est, décide de défier celui à qui il doit la vie un peu plus tard à Amoguet.

Pourtant, est-il une ordure pour autant ? On peut en douter. En dépit de ses manières brutes, Jack est un gentleman derrière son manque de tact. Il n'est pas intéressé par l'argent mais par le jeu. En réalité, il ne cherche pas vraiment à tuer Bill pour empocher 3000 $ mais plutôt à se mesurer à lui car il sait que c'est un adversaire de sa trempe. Et à la fin, il se rachète en tuant lui même Tornado Kid puis devient ami avec Bill.

Ce personnage est très intéressant car il amène de la profondeur à l’œuvre. Mais celle ci n'en manquait déjà pas. En effet, comme dans presque tous les films de western, il est question d'or. Une indienne nommée Akaena (Catharina Conti) prétend savoir où se trouve une vallée remplie de ce métal jaune si précieux aux hommes blancs. Malheureusement, tout cela n'est que le délire d'une jeune fille malade qui rêve désespérément d'aller en Californie, le pays où il y a toujours du soleil.

Les personnages sont nombreux pour un film de Série B. Prenons Stumpy par exemple. Ce prospecteur ruiné cherche à noyer son chagrin dans l'alcool. Comme il n'a pas d'argent, il accomplit des basses tâches comme creuser une tombe et se fait payer en verres de whisky. Désespéré, il ne cesse de répéter qu'il doit se pendre un jour où l'autre. Bien que très malheureux, cet homme apporte étrangement beaucoup d'humour à l’œuvre. Il est souvent le dindon de la farce. Toutefois, l'histoire ne se montre pas ingrate avec lui puisqu'il finit par trouver de l'or d'une manière des plus inattendues.

On peut également évoquer Sam Jenkins (Heinrich Schweiger). Patron du saloon de Amoguet, cet homme peu recommandable est très ami avec Tornado Kid et lui sert de conseiller. Il déteste Bill et le craint farouchement. En revanche, il se fait un plaisir de maltraiter les faibles comme Stumpy et Jimmy.

Les décors sont variés. Amoguet est une ville boueuse qui ne fait guère envie. En revanche, les paysages sont magnifiques. L'histoire a beau se passer en quelques jours, on a l'impression qu'elle dure des mois car on change de climat en fonction que l'on se situe en haut ou en bas de la montagne.

Comme son titre l'indique, ce film montre des loups. A vrai dire, ce sont des bergers allemands que l'on a essayé de rendre plus sombres dans la nuit. Néanmoins, la scène où ils apparaissent est très effrayante et fait penser à celle de Croc Blanc. On se sent vraiment prit au piège avec Bill et Jack. Les loups sont nombreux, opèrent la nuit et vont faire un véritable carnage sur l'attelage du trappeur. Le passage où Bill découvre ce qui reste de ses chiens est d'ailleurs très gore mais aussi émouvant, surtout à l'égard de sa belle husky Anounika.

Passons maintenant aux combats. Ceux ci sont clairement chorégraphiés. Ils sont jolis à voir mais pas crédibles. A lui tout seul, Bill bat à main nue tout le monde. A la fin, il esquive presque les balles de Tornado Kid. De plus, il ne tue personne mais se contente d’assommer ses adversaires comme un héros d'une bande dessinée jeunesse.

Les acteurs jouent bien, à l'exception peut être de Catharina Conti qui ne fait pas très Indienne. Le scénario est très maîtrisé et ressemble beaucoup à un roman de Jack London. La musique de Gerard Heinz est splendide et apporte un vrai plus. Réalisé en 1972 par Harald Reinl, Le hurlement des loups est un super film remplit de bagarres et de péripéties où on ne s'ennuie jamais. C'est une œuvre idéale pour faire découvrir le western aux enfants. En effet, il possède tous les ingrédients du genre sans être vulgaire. Félicitation.

Note : 7/10