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La caverne de Loupzaru

Un blog qui parle de BD, mangas, comics mais aussi romans, films et séries.

La déesse mère

La déesse mère

Les objets datant de la préhistoire sont rares. Pourtant, on en a retrouvé certains conservés jusqu'à nos jours. C'est le cas de petites statuettes représentant des femmes aux formes énormes débordant de fécondité. Quel rôle jouaient-elles dans la société ? Leur vouait-on un culte ? A t-il existé des personnages féminins semblables à une époque si reculée ? François Cavanna s'est penché sur ces questions et a tâché d'y apporter une réponse avec un roman préhistorique intitulé La déesse mère.

L'histoire se passe 10 000 ans avant notre ère. L'homme de Cro Magnon est sur le point de délaisser les cavernes et la chasse pour les maisons et l'agriculture. Nous suivons les aventures de Ghal le chasseur et d'Ogh le tailleur de silex, membres du clan de ceux de l'Elan. Cette tribu méprise les femmes par excellence et ne les utilise que pour des besoins serviles et sexuels. Elles sont régulièrement battues, n'ont aucun droit à la parole et sont totalement soumises au bon vouloir de chaque mâle.

Ghal et Ogh profitent de ces privilèges comme tous les autres. Mais un jour, ils découvrent une petite statuette féminine aux formes énormes qui va changer leur vie. Cet objet est sensé représenter une femme bien vivante appelée la déesse mère qui règne sur un monde meilleur très loin de là. Obsédés par son image envoûtante, les deux hommes décident de braver la loi et quittent le clan afin de la voir en vrai de leurs propres yeux. Ils sont accompagnés d'Ala une fillette espiègle, de Noun la mère d'Ogh et d'un loup gris.

Au bout de leur périple, ils vont découvrir une société dirigée par des femmes où les hommes ne sont plus que des esclaves. La nourriture y est abondante car ce peuple matriarcal connaît l'agriculture et l'élevage contrairement à ceux de l'Elan. Cela amène forcément beaucoup de travail mais aussi une grande crainte envers les éléments, d'où l'importance de la religion.

Afin de garantir l'équilibre du monde, ces amazones vouent un culte à la déesse mère. Obèse, cette femme symbolise par ses exagérations la vie et la fécondité. Fait amusant, si aujourd'hui elle apparaîtrait laide et repoussante à 90 % des hommes, son pouvoir sexuel est aux yeux des primitifs incroyablement attirant. Elle ne se gène d'ailleurs pas pour l'utiliser afin d'enfanter le plus possible.

La déesse mère n'est pas un roman préhistorique comme les autres. C'est un roman préhistorique érotique. Le sexe est en effet très présent et constitue le fil rouge de l’œuvre. Les personnages sont tous nus et ne pensent qu'à posséder quelqu'un. D'ailleurs, certains de leurs ébats sont codifiés. Par exemple pour devenir un homme, ceux de l'Elan effectuent une cérémonie au cours de laquelle ils doivent violer leur mère. Charmant programme…

Bien sur, il y a quelques éléments autres que sexuel tels que les inventions d'Ogh, le combat contre un ours et les dessins sur les murs des cavernes. Mais ils sont simplement abordés et on ne s'attarde guère dessus. C'est dommage car même si l'action ne manque pas et qu'on ne s'ennuie pas, il aurait été intéressant de pousser un peu plus loin la vie des hommes préhistoriques.

A travers deux clans, François Cavanna oppose deux visions du monde. La première patriarcale et archaïque et la seconde matriarcale et progressiste. Car d'après lui, le progrès viendrait des femmes qui ont remarqué des détails auxquels les hommes ne faisaient pas attention comme un grain qui pousse dans la terre. C'est malgré tout discutable. La barrière technologique et mentale est sans doute trop grande entre les deux peuples pour paraître vraiment crédible. Et surtout, cette réflexion n'est qu'un artifice supplémentaire pour guider la démarche sexuelle des personnages.

Outre leurs attributs génitaux, les protagonistes possèdent également un cœur. Et c'est fou de voir avec quelle naïveté certains tombent amoureux les uns des autres. Ainsi, Ghal et Ogh qui ont méprisé les femmes toute leur vie se retrouvent instantanément aux pieds de la déesse mère. Même constat pour cette dernière. Elle collectionne les amants, s'abreuve de leur semence avant de les manger réellement et pourtant, elle est capable de les aimer au premier coup d’œil. Franchement, c'est ridicule.

La déesse mère comporte donc quelques défauts. C'est dommage car ce roman commençait bien. J'ai nettement préféré la première partie au clan de l'Elan. Malgré tout, François Cavanna a au moins le mérite d'apporter une explication sur les statuettes féminines ancestrales et de se mouiller sur un sujet glissant. Son initiative est donc à louer.

Note : 6,5/10

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